
Référence complète
Chouinard, A-M., Martineau, S., Rahal, A., & Marcotte, K. (2020). Évaluation des impacts fonctionnels de la paralysie de Bell dans le cadre de la rééducation MEPP. Rééducation orthophonique, No 282, 105-131.
RÉSUMÉ
Introduction : La paralysie de Bell engendre d’importantes conséquences physiques, fonctionnelles et sociales. Notre équipe a récemment développé le Mirror Effect Plus Protocol (MEPP) qui semble démontrer des effets prometteurs pour diminuer les symptômes de la paralysie de Bell en phase aiguë. À ce jour, la majorité des études portant sur la paralysie de Bell évaluent uniquement les symptômes physiques et ne rapportent pas l’impact sur les situations de handicap. Or, l’échelle Facial Clinimetric Evaluation (FaCE) a été démontrée efficace pour évaluer les situations de handicap engendrées par une paralysie faciale périphérique. La présente étude vise à décrire l’accord entre les échelles d’évaluation standards des symptômes physiques et l’échelle FaCE, qui a été traduite en français canadien, ainsi qu’à estimer l’effet du MEPP chez des patients atteints de la PB aiguë.
Méthodologie : Quatre participants souffrant d’une PB aiguë ont été recrutés. Deux participants ont reçu la médication standard combinée au MEPP alors que les deux autres participants ont reçu la médication standard sans rééducation faciale. La sévérité des symptômes a été évaluée mensuellement sur une période de 6 mois avec les échelles physiques standards, l’échelle Facial Nerve Grading System 2.0 et l’échelle Sunnybrook Facial Grading System. L’échelle FaCE a été traduite de l’anglais vers le français canadien avec la méthode avant-arrière, et a été remplie par les participants à chacune des évaluations. Une analyse qualitative de l’évolution individuelle des participants dans le temps aux trois échelles a été faite. La taille de l’effet a aussi été mesurée avec le d de Cohen pour comparer les changements observés sur les situations de handicap et sur les symptômes physiques entre les deux conditions.
Résultats : Lors de l’évaluation initiale, les scores des échelles physiques étaient similaires entre les 4 participants, alors que l’étendue des scores totaux de l’échelle FaCE était beaucoup plus grande. À six mois post-onset, tous les participants ont présenté une amélioration à toutes les échelles. À l’échelle FaCE, ils ont tous rapporté ne plus vivre de situations de handicap, ou à tout le moins très peu. Les changements étaient plus marqués chez les participants de la condition expérimentale pour les échelles de symptômes physiques, alors que les changements étaient plus marqués pour l’échelle FaCE chez les participants de la condition contrôle.
Discussion : En général, un bon accord entre les 3 échelles a été observé, sauf lors de l’évaluation initiale. L’utilisation de l’échelle FaCE s’avère particulièrement pertinente pour évaluer les difficultés vécues par les patients dans les premières semaines suivant l’apparition des symptômes, où l’accord avec les échelles de symptômes physiques est plus faible. L’échelle FaCE apporte des informations complémentaires aux échelles physiques remplies par les professionnels et permet au clinicien de mieux cibler ses interventions. Bien que ces résultats préliminaires ne permettent pas de démontrer un avantage clair du MEPP dans la diminution des situations de handicap chez les patients atteints d’une PB, il semble se dégager un certain avantage de la thérapie sur l’évolution des symptômes physiques.